NOUVELLES DU COULOIR DE LA MORT DU TEXAS 15 MARS 2020.
« Il en faut du courage pour ne pas se décourager. » Ben Ferencz
La vie a le chic de nous prendre par surprise. Alors même que l’on vient de se relever de la dernière épreuve et que l’on a enfin retrouvé force et courage, alors que l’on a atteint sa vitesse de croisière, voilà que l’on perd son boulot, qu’un ami ou qu’un membre de la famille décède soudain, ou qu’on apprend une mauvaise nouvelle de la cour d’appel, ou que l’on se retrouve à devoir faire face à un événement tel que la pandémie mondiale liée au coronavirus. Je pense que l’on peut dire que l’urgence internationale liée au Covid-19 qui concerne le monde entier nous aura pris de court !
Et les sentiments d’angoisse, de peur et de stress extrême qui ont suivi sont autant de défis qui exercent sur nous une pression intense à laquelle tout un chacun se retrouve forcément confronté. Lorsqu’un événement inattendu se présente, il est facile de se laisser submerger par de telles émotions et de paniquer, mais c’est lors de pareils moments qu’il nous faut garder courage, foi et espoir !
Il m’est difficile de décrire à quel point c’est pour moi surréaliste d’être ici dans ma cellule du couloir de la mort du Texas, où rien n’a changé dans mon existence quotidienne. On continue de m’apporter mes repas à la même heure, ce sont les mêmes gardiens qui viennent travailler, si bien que je vois les mêmes visages et tout ce qui change sans cesse ici reste imprévisible, si bien que rien ne semble différent. Ce qui modifie ma perception de ce qui se passe sur la planète me parvient par le biais des émissions de radio qui couvrent l’actualité. Je me branche sur la fréquence de la « National Public Radio » qui émet depuis Houston au Texas, et qui traite la situation liée au coronavirus aux Etats-Unis. J’écoute aussi la BBC qui me donne accès à des rapports actualisés sur ce qui se passe en Europe et à l’étranger. A la date où j’écris, la plupart des pays européens sont confinés et je ne serai pas surpris si la même chose arrivait aux Etats-Unis dans une semaine ou deux.
Alors que je tente de digérer ces nouvelles inédites qui me parviennent du monde du dehors, je pense à tous mes amis et à mes proches. J’espère que tout le monde va bien et dispose d’assez de réserves pour tenir le temps de ces périodes de confinement. Et parce que je suis toujours confiné dans le couloir de la mort du Texas, je me rends compte que le monde libre est sur le point de ressentir ce que cela fait d’être incarcéré. Chacun pourra avoir un petit aperçu de ce que l’on ressent quand on est contraint de rester enfermé dans un espace restreint et qu’il nous est interdit de sortir faire ce qui nous plaît. Peu importe le statut social, on peut bien être multimilliardaire, si on va au mauvais endroit et qu’on s’expose, on contractera le coronavirus.
Demandez à l’acteur hollywoodien Tom Hanks, au Premier Ministre canadien Justin Trudeau. C’est comme face à la mort, quand on est confronté au Coronavirus, peu importe qui l’on est, toux ceux qui y sont exposés peuvent l’attraper et l’attraperont.
J’ai également bien conscience du fait que cette pandémie mondiale entraîne des conséquences considérables, puisqu’il en va de la vie ou de la mort des personnes touchées. Peut-être que vous êtes jeune et en bonne santé, et que si vous contractez le virus, vous survivrez, mais cela ne veut pas dire que vos grands-parents, eux, survivront au coronavirus. Pour moi, c’est on ne peut plus concret. Je pense que de bien des façons, ce genre de menace mettant en jeu la vie des personnes est encore pire qu’une menace personnelle.
Et si l’un de vos proches mourrait parce que vous pensiez que ce n’était suffisamment grave pour rester chez vous et respecter la distanciation sociale que demandent les responsables politiques ?
Cela fait écho au genre de situation que vit toute personne du couloir de la mort du Texas. Nous sommes enfermés dans une cage pendant des années et des années et nous savons qu’il y a un tueur en liberté, qui guette les victimes qu’il pourra emporter. Si vous vous retrouvez face à face avec ce tueur, parce que vous avez épuisé tous vos recours en droit suite à votre prononcé de peine et votre condamnation à mort, le tueur viendra vous chercher, tout comme le coronavirus s’en prend aux personnes vulnérables du monde libre.
Les hommes et les femmes emprisonnés dans les couloirs de la mort du monde entier vivent ce genre de situation et nous savons quel effet cela peut avoir.
« La foi voit ce qui est invisible, croit ce qui est incroyable et reçoit ce qui est impossible. » Corrie Ten Boom
Alors, comment traverser cette épreuve ? Comment encaisser cette mauvaise surprise qu’est la pandémie liée au Coronavirus et comment nous recentrer et ne pas céder à la panique ? Pour moi, c’est une affaire de foi, de croyance et d’espoir. Quand tout semble impossible, quand on a l’impression que la terre va s’arrêter de tourner, nous avons plus que jamais besoin d’avoir la foi et de placer notre confiance en un Pouvoir qui nous Transcende. Parce que c’est dans des situations exactement comme celle-ci que nous nous rendons compte à quel point nous avons peu d’emprise sur notre vie, et à quel point nous devons nous rappeler que face à des défis extrêmes comme celui que pose le Coronavirus, nous devons croire en Dieu.
Nous devons croire qu’une Transcendance est à l’œuvre dans nos vies et avoir confiance. La croyance et la foi recèlent un pouvoir incroyable et lorsque nous luttons, comme en ce moment, il nous faut croire en quelque chose.
Je me souviens du moment où j’ai commencé cette odyssée qu’est mon existence dans le couloir de la mort du Texas. Je ne savais pas comment j’allais y arriver, ni comment je pourrais trouver des personnes susceptibles de m’aider ni comment faire pour remettre en cause les « pièces à conviction » présentées pour me condamner et m’envoyer dans le couloir de la mort. Je n’avais pas de réponses concrètes, mais je croyais en quelque chose. J’avais l’espoir que ce n’était pas la fin et qu’un jour je quitterais cet endroit en homme libre. Cette foi et cette croyance m’ont permis de rester en vie et, d’une certaine façon, l’Univers m’a apporté ce dont j’avais besoin. Je ne suis pas encore tout à fait dehors, mais je suis proche de la porte de sortie ! Et c’est la même chose pour tout le monde – c’est sans doute difficile, mais nous ne sommes pas encore dehors, et grâce à la foi, nous pouvons nous reprendre, croire et surmonter tous les obstacles qui se présenteront dans notre vie.
« Fais preuve de la plus grande bienveillance. Tous ceux que tu croises sur ton chemin mènent une lutte, quelle qu’elle soit. On ne sait jamais quand un moment et quelques paroles sincères pourront avoir un effet sur une vie. » Anon
Là encore, je parle d’expérience – quand je sens l’angoisse monter, quand je subis un stress, quand je suis à plat, je sais que l’un des meilleurs moyens de commencer à sortir de cet état, c’est d’aider les autres. Je sais que dans les jours, les semaines, les mois à venir, il sera peut-être facile de vous centrer sur vous et vos besoins à cause des difficultés engendrées par le coronavirus. Seulement, quand nous ressentons stress, angoisse et peur, purement et simplement, c’est le genre de situation qui constitue l’un des meilleurs moyens de basculer notre point de vue pour nous focaliser sur la souffrance d’autrui. Ce faisant, nous nous rappelons que nous ne sommes pas les seuls à souffrir et qu’il y a toujours quelqu’un pour qui c’est encore plus dur. Tout comme c’est le cas ici, les hommes et les femmes des couloirs de la mort partout dans le monde s’aidant les uns les autres de façon active, surtout quand les choses deviennent compliquées, chacun peut tendre la main à son voisin dans le monde libre.
Peut être que la situation actuelle ne vous permettra pas de frapper à la porte de votre voisin et de lui demander comme il va ; mais cela ne doit pas vous empêcher de laisser un mot pour lui demander comment il va et en quoi vous pourriez l’aider et laisser notre numéro de téléphone et votre adresse e-mail. Ce n’est qu’un exemple de ce que vous pouvez faire, à votre échelle, pour rester attentif aux uns et aux autres dans le monde libre.
Lorsque l’on soulage la souffrance d’une autre âme, alors que l’on souffre soi-même, cela nous permet, à soi comme à l’autre, de sortir de cet échange en se sentant mieux – chacun aura alors entamé sa guérison.
Ensemble, avec foi, en croyant en une puissance qui nous dépasse et en nous mettant au travail pour faire le bien, nous pouvons tous traverser cette période de notre vie qui nous met au défi. Ayant fait face à cette vraie peur ensemble, nous en ressortirons plus forts. Et ce faisant, peut-être vous serez-vous fait de nouveaux amis !
Si l’on affronte tous cette situation avec détermination et persévérance, on peut s’unir et surmonter cette urgence internationale. Et aussi en ressortir meilleurs !
AMOUR, PAIX, ESPOIR ET BONNE SANTE !
Charles D. Flores N°999299
Couloir de la Mort du Texas
Le 15 mars 2020.