NOUVELLES DU COULOIR DE LA MORT – LUNDI 1ER JUIN 2020
« Les paroles venues du cœur sont un rayon de miel, Douces pour l’âme et salutaires pour le corps. »
– Proverbes 16:24
Il n’y a pas longtemps, j’ai lu un article à propos d’un orque qui s’appelle Talequah et qui a accouché l’été dernier. Le groupe d’orques de Talequah était en danger et leur seul espoir de survie était ce nouveau-né. Mais le veau a vécu moins d’une heure. Dans une démonstration de deuil à laquelle ont assisté les gens du monde entier, Talequah a poussé son veau mort dans les eaux froides de l’océan Pacifique pendant dix-sept jours avant de le laisser partir.
Quand j’ai lu l’article à propos de Talequah et de cette terrible perte, j’ai été profondément ému car je comprenais au plus profond de moi ce que c’était de subir ce genre de perte qui vous brise le cœur et de ne pas pouvoir lâcher prise. Quand j’ai perdu ma mère l’an dernier, sa perte m’a fait réaliser qu’avec elle, c’était aussi mon père, mon foyer et le rêve de retourner dans le passé pour consacrer ma vie à m’occuper d’eux qui étaient partis. Comme le veau de Talequah, j’avais tout perdu, et rien ne serait plus comme avant. Quand on se retrouve dans ce genre de situation, impossible de lâcher prise. Impossible d’arrêter de penser à ce que l’on a perdu. Car tout ce que moi et ma chère famille avons partagé a disparu à jamais.
Quand je repense à ces jours, ces semaines et ces mois de chagrin dans ma vie, je sais ce qui m’a permis de les surmonter. C’était ce qu’avaient fait celles et ceux qui m’ont aimé et se sont souciés de mon bien-être. Toutes celles et ceux qui ont accouru, et qui m’ont aidé à me relever et m’ont dit des mots remplis d’amour, de bonté, et qui m’ont encore montré que nous étions amis. De vrais amis qui ont pleuré avec moi, qui m’ont tenu la main et ont laissé leur cœur se briser avec le mien. Car lorsqu’on est confronté à de telles pertes, rien ne peut « améliorer la situation ». Et ces amis des beaux jours, les anciens comme les nouveaux, ils ont fui cette situation pour se distraire avec tout ce que leur privilège leur permettait. Parce qu’être humain, c’est pénible, et c’est extrêmement difficile.
« La véritable grandeur d’un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise, mais lorsqu’il traverse une période de controverses et de défis », Martin Luther King Jr.
J’ai compris que de part le chagrin et la souffrance que nous traversons lors de cette expérience que nous appelons la vie, il est dans la nature humaine de se lamenter et d’être amené à exprimer notre douleur et notre chagrin. C’est le prix à payer pour aimer quelqu’un à tel point que l’on aurait l’impression de mourir si nous venions à le perdre. Je me suis souvent demandé pourquoi je traversais ces longues périodes de souffrance extrême, mais je n’ai pas trouvé de réponse. Ça faisait partie de la vie, c’était quelque chose dont nous ferions l’expérience tôt ou tard.
Puis, mon appel concernant l’hypnose a été rejeté par la cour d’appel pénale du Texas (CCA). Lorsque j’ai appris que nous avions perdu et que nous devions passer au plan B, il m’a fallu environ 5 minutes pour me remettre de cette perte et ACCEPTER le fait que, pour une raison quelconque, il n’était tout simplement pas l’heure pour moi d’être libre. Nous sommes loin d’avoir épuisé tous les recours ; d’autres appels nous mettront encore à l’épreuve. En termes de temps réel, ça veut dire que je serai ici pendant encore quatre ou cinq ans, et ça, je l’ai accepté.
En arrivant à ce niveau d’acceptation dans ma vie, j’ai réalisé pourquoi j’avais dû endurer une douleur aussi terrible, voir mon cœur se briser et souffrir aussi longtemps : la disparition de mes parents, la perte de notre foyer et de notre rêve, l’abandon de l’une de mes meilleures amies… tout ça…. J’ai su en un instant que si j’avais à traverser tout ça, c’était pour mieux me relever et continuer d’avancer après avoir subi cette perte. Car c’est l’une de mes plus grosses pertes. Et laissez-moi vous dire quelque chose, c’était un sacré coup que j’ai pris, mais j’ai acquis une telle force que même la perte de l’appel pour l’hypnose ne m’a pas fait perdre le fil. Maintenant, je suis à 100%, je n’ai rien perdu de ma motivation. Et si j’ai pu encaisser un tel coup et continuer à avancer, c’est grâce aux énormes pertes que j’ai subies ces deux dernières années.
À ce combat qu’est la vie ! Et la paix et la justice pour tous !
Charles D. Flores No. 99299
Couloir de la mort
Lundi 1er juin 2020