Le 26 juin 2017
Ce matin, alors que j’écoutais les infos de la mi-journée sur la station de radio “Texas State Network News”, j’ai entendu l’annonce de la nouvelle date d’exécution qui avait été donnée à Rupert Pruett, pour le 12 octobre 2017.
Une fois encore, l’un de mes amis avait reçu une date d’exécution et avait été transféré dans l’antichambre de la mort, là où ceux qui ont une date d’exécution effective sont détenus sous surveillance 24 heures sur 24, via une caméra en circuit fermé dans leur cellule. Cette fois, quand j’ai appris la terrible nouvelle, j’ai revu sous forme de flashbacks l’époque où j’avais été moi-même placé dans une telle cellule. Vous voyez, Robert Pruett se trouvait dans l’antichambre de la mort avec moi, alors que je vivais moi-même sous la terrible menace d’une date d’exécution.
Traverser ce genre d’expérience avec un autre être humain n’est pas anodin. Un lien se forge, parce que l’on est ressorti vivant de cet enfer sur terre. Pour celui qui observe de l’extérieur, voir un homme dans le couloir de la mort du Texas avec une date d’exécution peut sembler acceptable, civilisé et humain. Nous ne sommes pas dans un pays du tiers monde où l’on subit des tortures physiques avant que ces diables ne vous ôtent la vie. Ils commencent même à traiter le prisonnier du Couloir de la Mort du Texas comme un être humain à la fin, mais cela reste l’enfer sur terre.
C’est une torture psychologique, non seulement pour le prisonnier condamné mais aussi pour tous les membres de sa famille et ses amis, pour tous ceux qui l’aiment. Lorsqu’une personne se retrouve dans le couloir de la mort, ce n’est pas seulement lui qui vit avec une condamnation à mort, mais aussi tous ceux de son entourage.
J’ai vécu cette épreuve aux côtés de Robert Pruett. Et je sais que ce n’est pas la première fois qu’il a une date d’exécution. Je crois que c’est la quatrième ou la cinquième fois. Essayez de vous imaginer dans une telle situation. J’ai mis un an à me remettre du traumatisme subi pendant les cinq mois que j’ai passés dans l’antichambre de la mort. Comment surmonter quatre ou cinq autres séjours prolongés sous surveillance permanente, à deux pas de la chambre d’exécution ? Je n’en ai aucune idée.
Au moins, mon frère Robert Pruett sait comment cela se passe et il sait quoi faire dans un tel contexte, et, surtout, il connaît la règle : ne montre jamais à ces diables que tu as la trouille ! Je sais, quelle que soit la manière dont ce voyage en enfer se termine, qu’il veillera bien à ne jamais laisser transparaître sa peur. Reste fort mon frère.
Paix, Espoir & Liberté !
Charles D Flores #999299